Stationnement solidaire : Nantes et Rennes innovent pour leurs habitants
Les grandes villes françaises innovent dans leur gestion du stationnement. Nantes et Rennes se distinguent notamment par la mise en place d’une tarification solidaire : un dispositif qui adapte le prix de l’abonnement du stationnement en fonction des revenus des habitants. Cette initiative, visant à rendre le stationnement plus accessible pour les foyers modestes, s’inscrit dans une stratégie globale de mobilité urbaine. Mais qu’en est-il des résultats et des enjeux de cette politique émergente ?
La ville de Nantes, pionnière dans la solidarité
Nantes a déjà franchi le pas en 2023. Cette ville de Loire-Atlantique avait non seulement doublé le nombre de places payantes mais aussi instauré une tarification dégressive basée sur le quotient familial. Cette mesure avait été instaurée quartier par quartier pour faciliter la vie des habitants, en veillant à ne pas pénaliser les travailleurs avec des tarifs spéciaux tout en ajoutant une tarification solidaire pour plus d’égalité.
À l’origine, le tarif standard du stationnement résidentiel est à 180 euros. Avec cette tarification solidaire, les tarifs sont regroupés en 4 catégories : de 18 à 126 euros par an. À ce jour, sur les 20 000 abonnées nantais, 20% bénéficient de ce dispositif.
À Rennes, vers une évolution du stationnement
Dans certaines rues de Rennes, le stationnement gratuit appartient au passé. Autrefois, des artères comme la rue Corentin-Carré, situées près des points stratégiques de la ville (gare ou station de métro), attiraient des automobilistes extérieurs qui y laissaient leurs véhicules pendant de longues périodes. “La ville était alors obligée d’agir, pour répondre à la demande des habitants. Ils ne trouvaient plus où se garer”, justifie l’adjointe aux mobilités de la ville de Rennes, Valérie Faucheux.
Face à ces difficultés, la ville a étendu progressivement son périmètre de stationnement payant : environ 1 200 places en 2022, 900 places en 2023 et environ 700 places en 2024. Cette démarche a ainsi permis de libérer des places pour les résidents tout en réduisant les usages abusifs. Cependant, cette évolution n’a pas été sans susciter des critiques. Certains habitants, comme Ghislaine, une Rennaise qui paye 14 euros par mois pour se garer près de chez elle, y voient une charge supplémentaire d’autant plus qu’elle ne peut plus garer son véhicule devant son garage comme c'était le cas auparavant.
En élargissant le périmètre de stationnement payant, les quartiers populaires finissaient par être touchés. Consciente des inégalités que cela pouvait engendrer, la municipalité a introduit une tarification solidaire le 1er décembre 2024, afin “de ne pas pénaliser les ménages les plus modestes”, confie la ville de Rennes.
Basée sur les critères d’attribution utilisés dans les transports en commun, cette mesure permet aux habitants de bénéficier d’une réduction de 50 à 85 % pour le stationnement résidentiel uniquement en zone verte (la moins chère, hors du centre-ville).
Une solution qui se veut engageante et inspirante…
Cette approche a pour but de réduire la congestion automobile tout en évitant de pénaliser les habitants de Rennes et Nantes. En limitant l’accès aux véhicules venant de l’extérieur en mettant en place des politiques incitatives visant à encourager les visiteurs à utiliser les parkings souterrains ou les transports en commun, les municipalités visent à désamorcer la pression sur les places de stationnement en centre-ville. En agissant sur les mobilités, ces 2 villes ont un impact sur le climat, la santé et le bien-être des habitants.
Ce qui est certain : ces initiatives ne passent pas inaperçues. Le modèle de tarification solidaire pourrait se répandre dans d’autres villes françaises puisque l’enjeu est double. D’un côté, il permettrait de réduire les inégalités sociales et de l'autre, de promouvoir des mobilités plus durables.
Néanmoins, ces changements n’arrivent pas sans compromis. Le « manque à gagner » lié aux tarifs réduits est assumé par les municipalités concernées. L’objectif est clair : transformer les pratiques de stationnement tout en accompagnant les habitants dans cette transition. Mais in fine, la réussite de ces dispositifs dépendra de leur capacité à être à la fois équitables et efficaces.
… et en écho avec l’esprit de Noël
Alors que la période des fêtes approche, cette tarification solidaire trouve une résonance particulière. Offrir un stationnement à prix réduit aux plus modestes pourrait s’inscrire dans une dynamique de solidarité propre à Noël. Ce geste évoque l’entraide et le partage, valeurs chères à cette saison. En facilitant le stationnement en zone urbaine, souvent animées par les retrouvailles familiales en cette période, ces mesures contribuent à créer une ambiance de sérénité pour tous.
Les villes comme Rennes et Nantes nous montrent qu’il est possible de réconcilier solidarité et mobilité urbaine. En adaptant les tarifs de stationnement aux revenus, elles posent les bases d’une ville plus accessible et plus humaine. Une initiative qui, espérons-le, continuera à s’étendre dans toute la France.